Le cotonplante cultivée en amérique du nord dès le xviie siècle More est une contradiction. Doux, mais avec du poids. Décontracté, jamais informe. Il garde la mémoire dans ses plis. Le coton se mélange. Avec la lainefibre à croissance continue d’origine animale (alpaga, ch More, pour la tenue. Avec les synthétiques, pour l’élasticité. Mais sous sa forme pure, il résiste au changement. Mat. Tactile. Sincère. 

Parmi les plus anciens tissus du monde, il naît en Inde, en Égypte et au Pérou—filé à la main, teint avec des plantes, porté par les ouvriers comme par les rois. Le coton arrive en Europe par la conquête et le commerce. Au XIIe siècle, il atteint l’Italie—au XVe, Venise, Anvers et Haarlem deviennent des ports majeurs. Vers 1350, la roue à filer accélère la production. D’abord réservé aux vêtements de travail, le coton devient ensuite matière à tailleur. 

Au début du XXe siècle, les hommes veulent moins de structure en été. La laine est trop lourde. Le linfibre naturelle végétale de grande solidité issue de la t More, trop flou. Le coton trouve l’équilibre. Costumes blancs, poches plaquées, épaules naturelles. Un passage du bureau à la terrasse, de la raideur à l’aisance. Le costume « sack » lui convient parfaitement. Sans pinces, sans emphase. Dans les années 60, il devient l’uniforme de l’Ivy League. Porté par les avocats du Sud, les professeurs de la Nouvelle-Angleterre, les architectes britanniques en voyage. Il ne force rien. Il n’en a pas besoin. 

Le seersucker, coton gaufrétissu dont la surface est régulièrement déformée par une More, est pensé pour la chaleur. Gregory Peck le porte dans To Kill a Mockingbird. Hoffman dans The Graduate. Une révolte discrète : moins d’amidon, plus d’air. La gabardinetissu de laine ou de coton dont l'endroit présente une côt More de coton a un tissage sergé serré, avec ses fines diagonales caractéristiques, et surtout, elle est extrêmement douce, avec un léger toucher velouté. 

Le coton refuse le vernis. Il ne tombe pas comme la laine, ne flotte pas comme le lin—il tient. Il se froisse, et garde la trace. À Naples, on le dépouille : pas de doubluretissu que l'on emploie à l’intérieur d’un vêtement More, pas de rembourrage. Juste la coupe et le tissu. À l’écran, Paul Newman le porte avec naturel. Hors écran, le tissu vieillit bien—se patine, se matifie, s’adoucit.