KITANO, TROIS MOUVEMENTS

Fils d’un peintre en bâtiment et d’une ouvrière. Lion d’or, lion d’argent, chevalier des Arts et des Lettres, légion d’honneur. Réalisateur, acteur, peintre, poète. Takeshi Kitano est l’artiste total d’un certain Japon. Yakuzas, pères de famille, enfants peuplent un cinéma de l’absence.

Le créateur Yohji Yamamoto raconte:

“Deux kimonos rembourrés, l’un pour une femme et l’autre pour un homme, ont été fabriqués en teinture Yuzen par Chiso, une ancienne entreprise Yuzen de Kyoto créée au XVIe siècle. Ils ont coûté plus de 10 millions de yens. J’ai tout payé moi-même. Mais ma relation avec Takeshi n’est pas une question d’argent, c’est une amitié entre deux hommes. C’est un esprit de générosité et de chevalerie. C’est ainsi que Dolls est sorti en 2002. Bien qu’il n’ait pas établi de record au box-office, il est apparemment utilisé dans les écoles d’art du monde entier comme outil d’enseignement de l’utilisation de la couleur.”

Dolls s’inspire du théâtre japonais bunraku: marionnettes géantes qui jouent les saisons de l’amour. Kitano leur offre un ancrage:

“Lorsque j’étais encore un aspirant comédien à Asakusa, j’ai vu un jour un homme et une femme attachés l’un à l’autre par une corde. Les habitants du quartier les appelaient ‘les mendiants errants’. Il y avait beaucoup de rumeurs à leur sujet, mais personne ne savait vraiment comment ils étaient devenus vagabonds. La vision des mendiants errants est restée gravée dans ma mémoire et j’ai toujours voulu réaliser un film avec des personnages comme eux.”

C’est pourtant comme comique, puis comme comédien que Kitano a commencé sa carrière: il campe un sergent aux côtés de David Bowie dans Furyo, un policier ou un tueur chez Ryūchi Takamori ou Yōjirō Takita. C’est par le hasard d’une maladie qu’il devient réalisateur, remplaçant un metteur en scène au pied levé. De ses jours d’humoriste, il garde le surnom de son duo: le duo manzai, “The Two Beats”, est devenu “Beat Takeshi”.

La réalisation sied à son goût du retrait. Kitano cautérise l’émotion, réduit le récit, affine le dialogue. Voix rauque, lèvres serrées: dans Sonatine, son personnage se suicide avec un rictus. Son visage et ses vêtements deviennent dès lors la manière de le lire. Dans Violent Cop, une veste de tweed grise, noire, et blanche aux revers bas et crantés s’abîme de poursuite en poursuite; dans Boiling Point, une chemise à fleurs et une veste rayée à double rayure défont la froideur du personnage; dans Sonatine, une chemise blanche.

Yamamoto réalise les costumes pour trois de ses films:

pour Brother – un trois-boutons noir aux volumes larges, chemise blanche au col ouvert avec parmenture. pour Dolls – de la laine bouillie, une chemise en fin tissu bleu de prusse.

pour Takeshis’ – un costume noir ajusté, aux épaules franches, un poncho de pluie olive.

Dans Hana-Bi, Brother, Takeshis’ et sur le tapis rouge, Kitano porte des lunettes de soleil inspirées par celles de l’anarchiste Pierre Kropotkine.

Dans son autobiographie, My Dear Bomb, Yohji Yamamoto dira de lui: “Là où il souhaite faire passer un message, il choisit de ne pas insérer ce message”.

KITANO, Takeshi, dir. Brother 2000.

KITANO, Takeshi. dir. Brother. 2000.

Dolls, 2002. KITANO, Takeshi, dir.

KITANO, Takeshi. Dolls. 2002.

KITANO, Takeshi dir. en essayage

KITANO, Takeshi. dir. En essayage.

Furyo, 1983. OSHIMA, Nagisa, dir.

OSHIMA, Nagisa, dir. Furyo. 1983.

Dolls, 2002. KITANO, Takeshi, dir.2

KITANO, Takeshi, dir. Dolls. 2000.

Sonatine, 1993. KITANO, Takeshi, dir.

KITANO, Takeshi, dir. Sonatine. 1993.

Takeshis', 2005. KITANO, Takeshi, dir.

KITANO, Takeshi, dir. Takeshis’ 2005.

Violent Cop, 1989. KITANO, Takeshi, dir.

KITANO, Takeshi, dir. Violent Cop. 1989.

  • L’ÉPAULE
    «Les couturiers y voient aussi l’endroit de leur singularité.»
  • KITANO, TROIS MOUVEMENTS
    «Kitano cautérise l’émotion, réduit le récit, affine le dialogue.»
  • LE PICK STITCH
    « historiquement réalisé à la main avec un détail visuel frappant dans les tissus plus légers et plus brillants »
  • LES HOMMES DE MODIANO
    «En miroir, c’est l’uniforme de Modiano lui-même qui se dessine.»
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