GLENN GOULD

Virtuose, reclus, frileux, Glenn Gould est une icône de style, copié partout, égalé nulle part.

À huit ans, il entre et sort du conservatoire six ans plus tard avec la meilleure note.
Très jeune, il adopte des pulls sans manches qui laissent voir celles, bouffantes, de ses chemises.
La popeline devient pâle, la flanelle s’assombrit: le jeune prodige laisse tous ses vêtements trempés de sueur. Les pantalons lui tombent, les vestes flottent. Il cultive son ascèse, garde un bouton ouvert, ne corrige pas la mèche.

Il joue Beethoven en concert, Bach en quatre jours. Sur la couverture, trente Glenn Gould en chemise blanche: pensif, précis, baroque.

Son impresario l’emmène en Union Soviétique, Gould emporte Bach, un queue-de-pie, et s’arme d’une écharpe qui ne le quittera plus au fil des deux cent cinquante trois concerts. Puis en 1964, à trente-et-un ans, il se retire.

Il vit dans une chambre d’hôtel, ne téléphone qu’à minuit, se fait caustique; on le dit mystique.

En studio, le pianiste devenu arrangeur se dévoue à l’étude du contrepoint. L’intellectuel Edward Saïd le définit ainsi: ‘Dans le contrepoint, une mélodie est toujours en train d’être répétée par une autre voix: le résultat est une musique horizontale au lieu d’être verticale.
Toute série de notes est alors capable d’un ensemble infini de transformations, les voix continuant sans cesse de résonner contre autant qu’avec les autres.’

Son hypocondrie lui fait accumuler les couches: un chesterfield, puis deux. Un béret, puis un bonnet. La largeur des bas de jambe se fait plus sage, les vestes plus épaisses: un chevron, une serge. Un seul caprice: des mitaines pour ne pas compromettre le toucher.

En 1981, il décide de réenregistrer les Variations Goldberg. Son jeu de 1955 lui paraît alors ‘méconnaissable: pour moi, cette pièce a aujourd’hui une intensité sans aucun faux glamour. Pas une intensité pianistique ou instrumentale, une intensité spirituelle.’ Ce sera son dernier album: il meurt le 4 octobre 1982. Sur la couverture de cette nouvelle version, il porte un pantalon marine, une chemise marine, une veste marine. Toujours un bouton ouvert, il est seul.

CARROLL, Jock, phot. GOULD, Glenn, pian. Nassau, 1956.

CARROLL, Jock, phot. GOULD, Glenn, pian. Nassau, 1956.

CURTIN, Walter, phot. GOULD, Glenn, pian. 1974.

CURTIN, Walter, phot. GOULD, Glenn, pian. 1974.

GOULD, Glenn, pian. 1958.

GOULD, Glenn, pian. 1958.

GOULD, Glenn. Eaton Auditorium, Toronto, 1979.

GOULD, Glenn. Eaton Auditorium, Toronto, 1979.

GOULD, Glenn, pian. annotated score of the Goldberg variations, 1981.

DELEUZE, Gilles, phil. GUATTARI, Félix, phil. Paris, 1980.

GOULD, Glenn, pian. Carnegie Hall, 1959.

GOULD, Glenn, pian. Carnegie Hall, 1959.

GOULD, Glenn, pian. Goldberg Variations, 1981.

GOULD, Glenn, pian. Goldberg Variations, 1981.

HUNSTEIN, Don, phot. GOULD, Glenn, pian. 1958.

HUNSTEIN, Don, phot. GOULD, Glenn, pian. 1958.

GOULD, Glenn, pian. von KARAJAN, Herbert, cond. Berlin, 1957.

GOULD, Glenn, pian. von KARAJAN, Herbert, cond. Berlin, 1957.

PARKS, Gordon, phot. GOULD, Glenn, pian. 1959.

PARKS, Gordon, phot. GOULD, Glenn, pian. 1959.

WEINER, Dan, des. GOULD, Glenn, pian. Goldberg Variations, 1955. 30.5 x 30.5 cm.

WEINER, Dan, des. GOULD, Glenn, pian. Goldberg Variations, 1955. 30.5 x 30.5 cm.

  • DAVID LYNCH
    « Le plus insolite des américains, le plus américain des insolites, Lynch était un homme d’uniforme. »
  • LE PANTALON ÉVASÉ
    « Tous ceux qui avaient quelque chose à dire : denim, velours, velours côtelé — peu importait la matière. Ce qui comptait, c’était la forme »
  • BRUMMELL
    « l’homme le plus sobre, le plus strict, le moins extravagant »
  • LE T-SHIRT GRAPHIQUE
    « de l’histoire qui ne suit pas la mode, mais le besoin d’expression, à la inconscient collectif et à la culture underground »
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