Les Couturiers de la Bataille de Versailles :
Le 28 novembre 1973, l’élite internationale de la mode se rassemble dans l’Opéra royal du Château de Versailles pour un défilé de mode suivi d’un cocktail. Initialement créé afin de récolter des fonds pour restaurer la demeure des rois de France, l’événement s’apprête à marquer un tournant dans l’histoire de la mode. Chroniqueurs de mode, journalistes, mondains, aristocratie vieillissante et membres de la jet-set s’apprêtent à assister à l’affrontement opposant cinq stars de la couture française et cinq jeunes couturiers américains.
Les couturiers français présentent leur collection dans la plus pure tradition des défilés de haute couture. La performance demeure inchangée depuis la fin du XIXe siècle : un lieu richement décoré, une allée centrale entourée de chaises et des mannequins qui défilent sur fond de musique classique. Les Américains proposent quant à eux une véritable fête. Pendant 30 minutes, les cinq couturiers présentent leurs nouvelles silhouettes au cours d’un défilé ultra-dynamique. Les mannequins dansent, les vêtements prennent vie, et chaque créateur livre une version différente de la mode américaine, tour à tour inspirée par les années 20, l’Afrique ou encore les années 70.
Une scission qui transparaît également dans le style vestimentaire et l’attitude des couturiers :
Côté français :
Hubert de Givenchy, Yves Saint Laurent, Emmanuel Ungaro, Pierre Cardin et Marc Bohan, alors styliste de la maison Dior. Les couturiers français sont les têtes d’affiche de l’événement. Hubert de Givenchy et Marc Bohan adoptent un style conservateur avec des costumes gris en lourde flanelle(anglais flannel, du gallois gwlanen, lainage) • tissu fou. Seul Yves Saint Laurent détonne avec un costume croisé Caraceni en mohairmatière textile fine et soyeuse venant du poil de la chèvr noir.
Côté américain :
Bill Glass, Halston, Oscar de la Renta, Anne Klein, Stephen Burrows. Les couturiers américains se démarquent avec leur style vestimentaire flamboyant. Halston arrive à l’aéroport dans sa tenue signature : pull col roulé et pantalon évasé noirs, veste en lainefibre à croissance continue d’origine animale (alpaga, ch tropical ivoire. Le couturier porte par la suite un costume trois boutons à revers en pointele revers forme une pointe vers le haut. Bill Glass, quant à lui, porte un complet à motif carreaux fenêtre en tweedétoffe de laine cardée plus ou moins rustique, tissée de avec des poches cavalières.
Le soir lors du défilé, les différences s’estompent : couturiers français comme américains se présentent en smoking dans l’Opéra. Andy Warhol, venu soutenir son ami Halston, porte pour l’occasion son smoking dépareillé avec un Levi’s 501.
Avant la bataille de Versailles la France dictait les changements de la mode. Le soir du 28 novembre 1973, les couturiers américains s’imposent par leur extravagance et leur modernité, faisant de la mode une véritable industrie. Ces derniers viennent de passer du statut d’usiniers habilleurs à celui de génies créateurs.
Halston.Paris.1973.
SAINT LAURENT, Yves. 28 novembre 1973. Versailles
Marc Bohan, Philipe, Guibourgé, Oscar-de-la-Renta, Halston, Joe Eula et Bill Blass.1973
Pat Cleveland et Oscar de la Renta.Versailles.1973.
Stephen Burrows. Versailles. 1973
Marc Bohan lors de la Bataille de Versailles. 1973
Emanuel Ungaro et Marie Helene de Rothschild. Versailles. 1973
Andy Warhol Yves Saint Laurent Mary Russell et Pierre Berge. Opera royal de Versaille. 1973
Halston, Oscar de la Renta, Bill Blass y el ilustrador Joe Eula
Halston Loulou la Falaise. Versailles. 1973.
Théatre Royal, Chateau de Versailles. 1973.
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- RAYURES : TENNIS, CRAYON, CRAIE ET CORDE« La “rayure crayon” est une variante de la “pinstripe” que l’on trouve souvent dans les tissus de chemise, mais rarement dans les tissus de costume»
- JAMES BALDWIN«Les couturiers y voient aussi l’endroit de leur singularité.»
- LES HOMMES DE MODIANO«En miroir, c’est l’uniforme de Modiano lui-même qui se dessine.»