Début des années 70, Claude Sautet rencontre Michel Piccoli. Durant toute une décennie, le réalisateur filme l’acteur dans Les Choses de la vie ; Max et les Ferrailleurs ; Vincent, François, Paul et les autres ; Mado, enfin.
Sautet fait la rencontre de Piccoli par l’intermédiaire du compositeur Philippe Sarde, qui signera les musiques de la plupart de ses films. Le réalisateur est impressionné par Piccoli et la tension qu’il dégage dans Le Doulos de Jean-Pierre Melville, sorti en 1962. Sautet choisit ses acteurs selon ce qu’ils incarnent dans la vie : l’élégance naturelle et bourgeoise de Michel Piccoli l’inspirait.
Occupé à dépeindre la sociologie bourgeoise, la force des personnages féminins et la fêlure d’une masculinité en perte d’identité, Sautet s’appuie sur le vestiaire pour donner vie à des personnages tout en retenue, incapables de faire état de leurs sentiments, de se dévoiler complètement. Des personnages qui se cachent sous des costumes et des chapeaux de feutreétoffe obtenue par feutrage de poils ou de laine, derrière des cigarettes.
LES CHOSES DE LA VIE (1970)
Un architecte qui conduit trop vite et sort de piste. Il y a sa femme qu’il a quitté, son fils et la jeune Hélène avec laquelle il a du mal à s’engager. Et l’Île de Ré. Il conduit son Alpha Roméo Giulietta Sprint, visite ses chantiers, écrit sa lettre de rupture, toujours vêtu du même costume en flanelle(anglais flannel, du gallois gwlanen, lainage) • tissu fou grise porté au-dessus d’une chemise bleue ciel à col français de chez Arnys, dont Sautet est lui-même client.
MAX ET LES FERRAILLEURS (1971)
Un inspecteur de police, ancien juge d’instruction, qui n’a pour seule obsession que l’arrestation de malfaiteurs. Parfait antihéros, froid et procédurier. Sautet mêle l’uniforme des policiers des films de Melville avec celui des bourgeois parisiens : Fedora noir, costume croisé gris anthracite puis en flanelle à rayuresligne ou bande plus ou moins large qui marque une étoffe craies quand il se fait passer pour un banquier.
VINCENT, FRANÇOIS, PAUL ET LES AUTRES (1974)
Un médecin installé à Paris, toujours vêtu d’un impeccable costume trois-pièces en flanelle, porté au dessus d’une chemise bleu gendarme à poignets mousquetaires et boutons de manchette dorés – que ce soit en consultation ou au bar dans lequel il retrouve ses amis. Pour les repas (tendus) du dimanche entre amis autour d’un gigot d’agneau, un pull col v cravaté.
MADO (1976)
Un riche promoteur immobilier qui vit avec Hélène mais fréquente Mado, une prostituée. Ruiné à cause d’un associé véreux. Costume bleu et cravate en tricot de soiefil souple et résistant produit par la larve de divers papi noire ; cravate en tricot de soie rouge et veste en flanelle marron. L’argent revient mais la femme part.
PICCOLI, Michel, act. SCHNEIDER, Romy, act. SAUTET, Claude, réal. Max et les Ferailleurs. 1971. 106 min.
PICCOLI, Michel, act. MONTANT, Yves, act. SAUTET, Claude, réal. Vincent, François, Paul… et les autres. 1974. 107 min.
PICCOLI, Michel, act. SCHNEIDER, Romy, act. SAUTET, Claude, réal. Max et les Ferailleurs. 1971. 106 min.
REGGIANI, Sergetissu présentant des côtes en diagonale et des sillons de, act. PICCOLI, Michel, act. SAUTET, Claude, réal. Vincent, François, Paul… et les autres. 1974. 107 min.
PICCOLI, Michel, act. SAUTET, Claude, réal. Les Choses de la vie. 1970. 111min.
PICCOLI, Michel, act. DUTRONC, Jacques, act. SAUTET, Claude, réal. Mado. 1976. 106 min.
PICCOLI, Michel, act. SCHNEIDER, Romy, act. SAUTET, Claude, réal. Max et les Ferailleurs. 1971. 106 min.
- COSTUME CROISÉ« He had on a double-breasted suit of the type then known as the pillbox; it was chalk-striped, pink on blue »
- REVERS« Les tendances en matière de taille des revers reflètent souvent le climat économique : pendant la Seconde Guerre mondiale, les revers sont devenus plus petits en raison de la pénurie de tissu »
- COOPER X 12« Habillé comme un troufion à un million de dollars/Voulant tellement ressembler à Gary Cooper/Super Duper – Puttin’ on the Ritz »
- POCHES EXTÉRIEURES«Ce n’est qu’avec la révolution industrielle que les poches cousues et les poches cachées dans la doubluretissu que l'on emploie à l’intérieur d’un vêtement sont devenues la norme dans l’habillement…»