Aux alentours de Paris, une ville droite et debout, un hall d’aéroport, des touristes américaines, Monsieur Hulot, un rendez-vous manqué, un va-et-vient perpétuel, un ascenseur, un Salon des Arts ménagers, des quiproquos, des reflets, des bureaux en open-space, une jeune américaine, les préparatifs de la soirée d’ouverture du restaurant Royal Garden, des vestes de cocktails et des smokings, de la danse toute la nuit, le matin au drugstore d’en face, un brin de muguet anonyme, des voitures et des bus, comme un ballet final.
Esthétique brutaliste de béton et de verre
Playtime, sorti en 1967, est le quatrième long métrage de Jacques Tati. Le réalisateur y multiplie les jeux de lignes et de surface. Un camaïeu de gris bleuté où se mêlent structures d’acier, de verre et de béton.
Jacques Tati utilise le plan d’ensemble et le montage long : l’un pour élargir l’espace, l’autre pour distendre le temps. Dans ces vastes plans où fourmillent dizaines de personnages et de détails, le regard flâne, cherche et choisit. La durée des plans laisse elle aussi le temps de voir, d’appréhender et de penser. Une volonté opposée à l’habitude contemporaine du montage saccadé qui, sous prétexte de dynamiser, transforme le spectateur en consommateur du spectacle, ne répondant plus qu’à des stimuli.
Monde standardisé de costumes gris
L’architecture moderne des gratte-ciels, des halls d’aéroport et des bureaux entre en résonance avec la rigueur des costumes portés par les personnages. Le monde est standardisé : les grandes barres bétonnées sont le pendant des costumes trois boutons en flanelle(anglais flannel, du gallois gwlanen, lainage) • tissu fou grises portés par les travailleurs. Ces derniers viennent aux bureaux en tenant le même attaché case noir, chaussés des mêmes souliers en cuir noir parfaitement cirés. Dans cette société de consommation, les hommes aussi sont eux-aussi devenus des produits.
Monsieur Hulot, personnage-clef de l’univers de Jacques Tati, se détache de la masse des costumes gris. En marge d’un monde devenu global, l’homme évolue dans son costume taupe, ses chaussures en veau-velours, son pardessus en tweedétoffe de laine cardée plus ou moins rustique, tissée de à motif gun-club qui appartiennent à une époque révolue. L’individu contre la masse.
TATI, Jacques, réal. tournage de Playtime. 1967.
TATI, Jacques, réal. Playtime. 1967. 135min.
TATI, Jacques, réal. Playtime. 1967. 135min.
TATI, Jacques, réal. Playtime. 1967. 135min.
TATI, Jacques, réal. Playtime. 1967. 135min.
TATI, Jacques, réal. Playtime. 1967. 135min.
TATI, Jacques, réal. Playtime. 1967. 135min.
- COSTUME CROISÉ« He had on a double-breasted suit of the type then known as the pillbox; it was chalk-striped, pink on blue »
- REVERS« Les tendances en matière de taille des revers reflètent souvent le climat économique : pendant la Seconde Guerre mondiale, les revers sont devenus plus petits en raison de la pénurie de tissu »
- COOPER X 12« Habillé comme un troufion à un million de dollars/Voulant tellement ressembler à Gary Cooper/Super Duper – Puttin’ on the Ritz »
- POCHES EXTÉRIEURES«Ce n’est qu’avec la révolution industrielle que les poches cousues et les poches cachées dans la doubluretissu que l'on emploie à l’intérieur d’un vêtement sont devenues la norme dans l’habillement…»