Il nait sans titre. Son grand-père conseille aux aristocrates des lieux pour vivre, Brummell leur offrira une discipline de style. À l’école, il rencontre celui qui n’est pas encore George V. Son ami lui offre un régiment. Le prince de Galles devient régent en 1811, roi en 1820. Brummell devient cornette, puis capitaine, puis abandonne. Il passe à Oxford, mais n’y reste qu’un an. Avec la rigueur de son vêtement, c’est sa répartie que l’on remarque. Enfant, alors qu’on s’apprêtait à le battre, il ‘coupait les bâtons directement.’ Installé à Londres, il acquiert ‘une réputation sans égale dans l’art de couper’. White’s, Watier’s, Almack’s - les clubs, les mondains, les élégants sont sous sa coupe. Il transforme en loi vestimentaire la très anglaise catégorie de wit, et déplace la scène mondaine de la cour à la ville: le roi se déplace pour voir sa levée. Brummell a inscrit dans sa vie le passage d’une élite de naissance à une élite de goût. Barbey d’Aurevilly lui donnera une devise: ‘désillusionner plutôt qu’édifier.’ Plus que des vêtements, ce sont des règles que Brummell donne à l’époque.
Il courtise et châtie, surnomme Georges V ‘Big Ben.’ Lors d’une fête, une connaissance entre avec un homme. Brummell lui demande ‘Alvanley, qui est votre gros ami?’ - ce n’est autre que le roi. Le mondain est banni, et part pour Calais en 1816. Sa réputation lui fait obtenir un poste de consul, qu’il abandonne deux ans plus tard. Il s’abîme en dettes, s’habille en loques. Sa mise s’assombrit encore, pour cacher les taches, dit-on. C’est peut-être pour l’imiter dans sa misère que Baudelaire préfèrera le noir. Déchu, normand, il laisse un style qui n’est plus le sien, et un nom qui ne l’a jamais été: ‘Beau’ sera le surnom de tout jeune homme fastidieux. George Bryan Brummell, lui, meurt le 30 Mars 1840.