“I SAY THE WORD/I SAY YOUR NAME/I COVER YOU/I SHELTER YOU” – Jenny HOLZER pour Helmut LANG.

Créateur fascinant des années 90, Helmut LANG s’est tant échiné à faire disparaître la mode, qu’il a décidé de disparaître lui-même. Pas de spectacle, des vêtements; pas de défilé, des séances. Matières techniques, poches profuses, la peau apparaît – utilitaire et érotique. Transparent et invisible, Lang resserre le discours, atomise la pratique.
Dans son maillage complexe, la communication du créateur réalise un dispositif essentiel de son projet dans son travail avec l’artiste Jenny Holzer, une prise de parole radicale.
Ex-Collab, célébrée pour son occupation de Times Square, Jenny Holzer s’affiche partout sans être vue. Elle réalise des oeuvres à texte: ordres, épiphanies, slogans – Truisms, Inflammatory Essays, Laments.
Un truisme est une vérité si évidente qu’elle se passe d’auteur.

4 dates, 1 démarche.

1996, Venise – Vienne et New York se rencontrent.
Dans une boite blanche, Jenny HOLZER et le créateur Helmut LANG vaporisent un parfum et trois phrases.
“YOU ARE THE ONE/YOU ARE THE ONE WHO DID THIS TO ME/YOU ARE MY OWN”.
Déclarations d’amour? d’achat? début d’une collaboration féconde.

1998, SoHo
Le duo redéfinit le magasin comme lieu. Galerie de vêtements, boutique d’art – les caisses sont cachées, il n’y a rien – rien que le vêtement.

2000, 80 Greene St.
Campagne de parfum à large échelle: pas de mannequin, pas de slogan – un poème noir sur papier blanc: “I BITE YOUR LIP/I BREATHE YOUR BREATH.”
LANG fait de la mode un texte, HOLZER du texte une mode.

7 Janvier 2015, Sperone Westwater Gallery
LANG a quitté la mode depuis dix ans – sa première exposition ouvre le lendemain. Dans l’immense galerie, des masses de confettis en tissu, agglutinement de l’archive déchiquetée par le créateur.
Helmut LANG a détruit le vêtement – il ne reste que des formes.

“I RUN FROM YOU/I SLEEP BESIDE YOU/I SMELL YOU ON MY CLOTHES/I KEEP YOUR CLOTHES”.