Jeunes hommes perdus, pères interlopes, flâneurs sans éclat, les hommes de Modiano flottent dans la ville et dans leurs vêtements. D’un livre à l’autre, ils dessinent une silhouette et une certaine France.
“Je ne suis rien, rien qu’une silhouette claire, ce soir-là, à la terrasse d’un café”. Écrivain du souvenir, Patrick Modiano l’est aussi de la matière. Parmi celles-ci, une certaine préférence pour le prince-de-gallesmotif formé de carreaux Glen Urquhart sur lequel se superpo: “les mains aux revers du veston, un prince-de-galles de coupe très ample”, “un homme très grand, en complet prince-de-galles, environ trente ans, les cheveux noirs, une moustache fine. Je crois vraiment que c’était moi.”
Émigrés déchus, ses personnages maintiennent la mise. Ainsi d’Harold Howard, “vêtu d’un chandail grenat à col roulé, d’une veste de gros tweedétoffe de laine cardée plus ou moins rustique, tissée de et d’un pantalon de velourstissu de coton à armure complexe, il se compose d’une arm vert très ample”, Michel Axter, “portant des lunettes à grosse monture d’écaille, une veste de tweed roux et une pipe”, Stioppa de Djagoriew, “enveloppé d’une cape de lodentissu de laine sur lequel les poils couchés uniformément c”, Freddie Howard de Luz, son “poil de chameausous-poil du chameau « bactrian » venant des déserts de et son écharpe verte”.
À ces matières lourdes répondent les costumes fins de ses escrocs. Brossier, “imperméablequi par nature ou par traitement n'est pas perméable, ne se et vieux chapeau tyrolien”, Vietti, “complet bleu marine à rayuresligne ou bande plus ou moins large qui marque une étoffe”, Van Bever, “manteau à tissu en chevrons, trop grand pour lui”, Rachman, “le costume plié sur son bras droit, sa serviette noire dans la main gauche, l’allure d’un représentant de commerce qui sort de son domicile pour une tournée en province”, Mérovée, portant “un costume du dimanche – ces costumes aux épaules étriquées faits par un tailleur de l’époque, du nom de Renoma”: “mon père”, “l’allure d’un prêtre défroqué”.
Ce sont enfin ses jeunes narrateurs pour qui le vêtement est une muraille. “l’une de ces vieilles canadiennes que l’on trouvait au marché aux puces”; “son costume civil – une flanelle(anglais flannel, du gallois gwlanen, lainage) • tissu fou grise”, et un désir de trouver la bonne armuremode d’entrecroisement des fils de chaîne et fils de tram: “Il aurait besoin d’un manteau pour l’hiver et surtout de chaussures. Oui, des chaussures avec de grosses semelles de crêpe…on ne craint plus rien ni personne avec des semelles de crêpe”. En miroir, c’est l’uniforme de Modiano lui-même qui se dessine: haut jeune homme presque dandy au caban de cuir et à l’écharpe en soiefil souple et résistant produit par la larve de divers papi, col roulé noir et V profond; l’écrivain reconnu au costume en flanelle et à la veste prince-de-galles; le Nobel aux polos en maille et à l’écharpe enfin dénouée.
MODIANO, Patrick, écr. 1972.
MODIANO, Patrick, écr. Coupures. années 80.
LE-TAN, Pierre art. Paris de ma Jeunesse. 1988.
LE-TAN, Pierre art. Rue des Boutiques Obscures.
MODIANO, Patrick, écr. 2014.
MODIANO, Patrick, écr. Paris-France. 11 Septembre 1975.
MODINAO, Patrick, écr. Décembre 1969.
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